Nous voici de retour des
Universités d’Automne du Havre. La meilleure façon de résumer les 3 jours de
tables rondes et ateliers, c’est de vous montrer l’article de notre président,
Alain Jacubowicz, paru dans le Huffington Post.
Président de la Licra
Pour l'amour de la France
Publication: 24/10/2014 10h34 CEST Mis
à jour: 24/10/2014 10h47 CEST
Du 17 au 19 octobre 2014, la Licra a
tenu ses Universités au Havre, sur le thème de la lutte contre les
communautarismes. Une semaine plus tôt, Eric Zemmour lançait en librairie son essai à la gloire
d'une France nostalgique, tournée vers le passé. Quelques jours plus
tard, Dieudonné M'bala M'bala et Alain Bonnet, dit Soral, s'organisaient en parti
politique, faisant de la haine antisémite le ferment d'une
"réconciliation nationale" crépusculaire. Face à ces tenants de
"l'anti-France", les travaux des Universités de la Licra ont permis
de dégager quatre constats et un besoin urgent de réponse à la mesure de ce que
la situation exige.
Les quatre constats :
1- Le communautarisme n'est pas une fatalité. Dans un sondage
OpinionWay rendu public à la veille des Universités de la Licra, il apparaît
que 92% des Français
plébiscitent les valeurs républicaines et 82% disent n'appartenir à aucune
autre communauté que la communauté nationale. Sans sous-estimer les dangers du
communautarisme, ce sondage montre que les Français sont attachés à ce qui les
rassemblent, et que la France n'est pas cette République balkanisée, au bord de
l'éclatement, que les oiseaux de mauvais augure de l'ère du "buzz"
médiatique aiment à brandir sur les plateaux de télévision.
2- Le sentiment du "deux poids, deux mesures" alimente
les tensions entre les communautés en aiguisant la concurrence mémorielle. Pour
combattre ce fléau qui gangrène le débat public, il est nécessaire de sortir du
piège de la revendication identitaire et de passer de la "mémoire
révérence" à la "mémoire référence". Les génocides
n'appartiennent pas à telle ou telle communauté. Leurs spécificités, qui
doivent être soulignées, n'induisent ni concurrence ni hiérarchie. Leur fardeau
doit être porté par l'humanité tout entière.
3- Les associations antiracistes universalistes ont du mal à se
faire entendre. La société française a perdu sa capacité à s'indigner. Pour
preuve, "l'annus horribilis" 2013-2014, qui a vu se succéder les insultes racistes qu'on croyait d'un autre temps à l'égard d'une
Ministre, les
incitations à la haine antisémite proférées devant des
salles de spectacle combles, et
les manifestations haineuses en plein Paris où l'on a crié "Juif la France
n'est pas à toi", sans grande réaction de la part du corps
social. Au lendemain de la profanation du cimetière de Carpentras un million de
Français, de toutes religions, de toutes origines, de toutes familles
politiques sont spontanément descendus dans la rue. Combien étaient-ils après
les assassinats sauvages de Mohamed Merah?
4- Le
racisme l'antisémitisme connaissent dans notre pays une croissance
exponentielle: +91% d'actes antisémites sur les sept premiers mois de l'année
2014 (Ministère de l'Intérieur, 2014), 35% des Français se disent racistes
(CNCDH, 2014), 59% des Français pensent que le racisme a augmenté lors des
trente dernières années (OpinionWay/Licra, 2013).
Pour un Grenelle de la
Fraternité
Le
gouvernement allemand, confronté aux mêmes constats, vient de débloquer 30
millions d'euros pour un projet de cinq ans visant à lutter contre le racisme
et l'antisémitisme. Qu'attend-on en France? Il n'est plus possible de nous
contenter de grandes et belles déclarations. On ne rétablira pas le lien social
sans s'en donner les moyens. Si le combat pour l'emploi est une priorité, celui
pour le "vivre ensemble" en est l'une des conditions. Tout le monde
doit y contribuer, du sommet de l'Etat aux élus locaux, du monde du travail aux
associations, de l'école aux terrains de sport.
A cette fin,
la Licra a lancé l'idée d'un Grenelle de la Fraternité. Lors de ses
Universités, le Défenseur des droits Jacques Toubon a dit son soutien à ce
projet. Il est temps de poser les vrais problèmes, sans candeur ni langue de
bois, et d'arrêter un plan quinquennal avec des objectifs clairs et les moyens
nécessaires pour les atteindre. Avant qu'il ne soit trop tard. Pour que la
France de nos enfants ne soit pas celle que leur prédisent ceux qui n'aiment
pas la France.
Le Huffington Post
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